Bélus Au coeur du pays d'Orthe (partie 3)
La terre a tremblé
Un évènement va bouleverser la vie dans tout le Piémont pyrénéen entre Bayonne et Oloron, l’épicentre du séisme pouvant se trouver en Béarn (plus fort que celui d’Arette en 1967 d’une magnitude de 5,5) et qui va se répercuter le long des gaves et jusqu’au Luy, sans aller au-delà semble-t-il. Cependant, c’est un séisme important dont les effets sont restés dans la mémoire collective. Ne dit-on pas qu’église et caverie furent détruites ?
Jehan II d’Aspremont rappelle dans son "Livre de Raisons" que le mardi 22 septembre 1537, un fort grand branlement de terre et de roche qui, par deux secousses sur la tierze ou quarte heure du jour, mit à bas les tours de plusieurs eglizes et mayzons et fendit aucunes autres dans l'estendue dOrthe et environ. Puis il signale avoir lu le rapport que dicta à son père Adrian (alors en Italie) sa grand-mère Quitterie de Gramont, détaillant paroisse par paroisse les dégâts causés aux biens et personnes. S'il n'en donne aucun compte-rendu, il retient que la tourelle guette de la grand tour dAspremont s'était écroulée et que sans attendre, la douairière avait chargé le châtelain et bayle Jean de Berraute (descendant de Charlot de Villenave, seigneur de Berraute) de procéder à son relevage au mesme estat. Le séisme avait causé d'assez importants dégâts à la cathédrale et au château (Vieux probablement) de Bayonne, à Navarrenx, Mauléon et Oloron, mais n'avait pas été vraiment ressenti à Dax (d’autres épisodes touchent particulièrement Oloron en 1535, 1540 et 1546).
Un second séisme se produisit en 1579 à la tombée de la nuit, par longueur et craquement du fond de la terre, mais rien n'est dit d'autre que la panique qui, outre les hommes, frappa les animaux : les bestiaux tous, chevaulx, bacques, bœufs, mulles, cabres et chevraux et grands sauvaiges aussi en tous sens courrerent comme prins de quarte folle.
En 1540, Bertrand de Sis, écuyer, sieur de la maison noble de Lahitte à St-Lon acquiert de Pierre Labadie la caverie de Villenave, qu’il gardera jusqu’en 1562, date à laquelle il la cède à Jean de Saint-Martin, juge de Gosse.
La légende du "pavillon de chasse"
C’est ici qu’il nous faut parler du "pavillon de chasse d'Henri IV", une énième jolie et romantique légende du XIXème siècle (comme des dizaines dans tout le Sud-Ouest) rapportée par David Chabas dont la longévité lui permit de se consacrer à l’histoire des Landes et d’éditer des dizaines de pages qui forment une intéressante base de données historiques. Henri III de Navarre (devenu Henri IV roi de France) n'est apparemment jamais venu en Orthe. Par contre son grand-père, Henri II d’Albret y a été reçu plusieurs fois, notamment en 1542 (probablement, et en octobre) … où une grant bellechasse fut organisée en son honneur par Adrian d’Aspremont. Si on ignore où elle se déroula, on sait que le roi de Navarre avait été fastueusement reçu à Aspremont et que des dagues milanaises avaient été offertes à trois de ses écuyers simplement nommés Pardalhan (Jean de Pardaillan ?), Belsunxce (Jean de Belsunce ?) et Saintgeniez (Armand de Gontaut Saint-Geniez ?). En provenance de Pau et Bellocq, le train royal était composé de huit chevaliers de la maison royale et d'une escorte de soixante cavaliers commandés par le capitaine châtelain de Bellocq Pierre de Laussade dit Pierris. De retour de Londres, et provenant de Saint-Sever (dont il était l'abbé commendataire), le protonotaire d'Orthe (Roger d'Aspremont) avait rejoint le convoi à Baigts (dont son frère était seigneur) et où avoit attendu de nuict le roy Henric pour offrir le raffraichement (sic). Imaginons quand même – pour ne pas anéantir le mythe – que Bertrand de Sis ait accueilli pour une partie de chasse à travers Bélus Henri d’Albret (devenu Henri II de Navarre de 1517 à 1555), père de Jeanne qui épousera Henri de Bourbon et sera la mère du roi de France Henri IV...